Le CCNE prône une éthique du progrès médical face aux situations de vulnérablité

Le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) analyse dans son avis n°148 les enjeux éthiques liés aux situations de vulnérabilité engendrées par les avancées médicales et les limites du système de soins. Si le progrès médical permet d’améliorer la qualité et l’espérance de vie, il entraîne aussi des parcours de soins complexes et des inégalités d’accès, accentuant ainsi la vulnérabilité de certaines populations. La reconnaissance de ces situations est essentielle pour adapter les pratiques des professionnels de santé et structurer un accompagnement plus adapté aux patients concernés. Toutefois, le système de soins lui-même peut paradoxalement créer ou aggraver ces situations en raison de son organisation parfois inadaptée, de son accès inégalitaire ou de décisions médicales influencées par des contraintes économiques. Face à ces défis, le CCNE plaide pour une médecine plus éthique et humaine, favorisant la prise de décision partagée, le renforcement des capacités des patients et une meilleure formation des soignants. L’objectif est d’assurer une prise en charge qui ne se limite pas à prolonger la vie, mais qui respecte également la dignité et l’autonomie des personnes concernées.

Afin de répondre à ces enjeux, le C.C.N.E. formule plusieurs recommandations essentielles : 

  1. Renforcer la formation des professionnels de santé pour mieux identifier, prévenir et accompagner les situations de vulnérabilité, en intégrant une approche éthique et interdisciplinaire.
  2. Repenser l’organisation du système de soins pour garantir un accès équitable aux traitements, limiter les ruptures de parcours et améliorer la coordination entre les acteurs médicaux et médico-sociaux.
  3. Développer une approche capacitaire, permettant aux patients de conserver leur autonomie décisionnelle et d’être pleinement impliqués dans leurs choix médicaux.
  4. Favoriser un cadre de décision éthique clair et partagé, intégrant la délibération collective et le dialogue entre soignants et patients, afin d’éviter les prises en charge médicales excessives ou inadaptées.
  5. Soutenir les aidants familiaux et professionnels, dont le rôle est central dans l’accompagnement des personnes vulnérables.

Le CCNE s'était déjà intéressé à l'éthique comme fondement du système de soins dans son 140 « Repenser le système de soins sur un fondement éthique. Leçons de la crise sanitaire et hospitalière, diagnostic et perspectives », rendu public le 7 Novembre 2022, qui s'inscrivait dans le prolongement de l’avis n° 137 « Éthique et santé publique » (voir notre veille).

Deux principes éthiques majeurs étaient alors dégagés : un accès égal pour tous au système de santé et de soins (principe de justice sociale) et le respect inconditionnel des personnes soignées et de ceux qui les soignent (principe de respect de la personne).

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