ECONOMIES : maître mot du PLFSS 2026

Déficit de la Sécurité sociale inédit, baisse de la population active, renforcement de la lutte contre la fraude sociale, les constats ne sont pas vraiment nouveaux mais les réponses tendent à une cure d'austérité sans précédent, selon le communiqué commun de la FHF, la FHP, la Fehap, Unicancer et la Fnehad, vivement opposés au projet de LFSS présenté pour 2026.

Le gouvernement assume un cadrage budgétaire très serré pour tenter d’enrayer un déficit de Sécurité sociale jugé « inédit » hors crise et le ramener à 17,5 Md€ en 2026, en visant l’équilibre à l’horizon 2029. L’essentiel de l’ajustement porte sur l’Assurance maladie, avec une progression de l’Ondam limitée à 1,6 % (270,4 Md€) selon l'analyse des fédérations, soit environ 7,1 Md€ d’économies demandées à l’ensemble des acteurs. Elles pointent ainsi le risque d'une diminution de la T2A.

La trajectoire santé s’appuie sur plusieurs leviers. D’abord, une responsabilisation financière accrue des patients, rejeté par le Conseil de la CNAM : doublement des participations forfaitaires et franchises (4 € par acte médical, 2 € par boîte de médicament ou acte paramédical, 8 € pour les transports), avec des plafonds annuels portés à 100 € pour chaque enveloppe. Le gouvernement chiffre l’impact à 2,3 Md€ d’économies et promet l’exonération de plus de 18 millions d’assurés fragiles, pour un reste à charge moyen en hausse de 42 € par an. Les produits de santé sont à nouveau sollicités : 1,6 Md€ de baisses de prix sur les médicaments (dont 0,2 Md€ sur les génériques) et 0,2 Md€ sur les dispositifs médicaux, avec une refonte de la « clause de sauvegarde » pour en restaurer la lisibilité et la fonction de « corde de rappel ».

En outre, le PLFSS dénonce “une rentabilité manifestement excessive” de certains secteurs (notamment de la radiothérapie, de l’imagerie ou encore de la dialyse). Un mécanisme permettant des diminutions de tarifs si la rentabilité est documentée comme disproportionnée, et une convergence de nomenclature dès début 2026, l'indexation des forfaits techniques d’imagerie sur des études de coûts pour capter les gains de productivité permettrait de dégager près de 350 M€ d’économies en 2026 selon l'analyse du Gouvernement.

Côté offre de soins, le texte promeut la prévention et des « parcours » pour éviter l’entrée en ALD, la systématisation de l’usage du DMP, et un effort en santé mentale dans le sillage de la Grande Cause nationale 2025. Il combine des mesures d’efficience hospitalière — incitations financières liées à des indicateurs de pertinence et de qualité, accélération de la dématérialisation des factures — et des financements ciblés (2,3 Md€ pour les infrastructures hospitalières). 

Sur les arrêts de travail, le gouvernement veut limiter la durée des prescriptions initiales (15 jours en ville, un mois à l’hôpital, renouvelables par tranches de deux mois) et supprimer le régime des ALD « non-exonérantes », en poursuivant les actions anti-fraude. L’objectif est de contenir une dépense d’indemnités journalières en forte hausse depuis 2019.

Si le versant “famille” s'enrichit de la création d’un congé de naissance mieux indemnisé et cumulable au sein du couple, effectif en 2027, et si deux mesures ciblées réduisent les écarts femmes-hommes s'agissant des retraites, cela suppose un gel des prestations en 2026 puis une sous-indexation des pensions de 0,4 point entre 2027 et 2030, ce que le gouvernement justifie par le poids des retraites dans la dépense publique et par les recommandations du Comité de suivi des retraites. Rappelons que la suspension de la réforme des retraites de 2023 est envisagée. En outre, la contribution des complémentaires santé serait augmentée avec une taxe exceptionnelle d’environ 1 Md€.