La HAS alerte sur les difficultés rencontrées par les acteurs du secteur sanitaire et médico-social

Alors que l'IGAS vient de remettre un rapport accablant sur les pratiques du Groupe Orpéa, la Haute Autorité de Santé s'émeut des difficultés rencontrées par les professionnels, notamment de l’hôpital public et des établissements sociaux et médico-sociaux, “sur leur incapacité à délivrer des soins ou des accompagnements de qualité. Les représentants d’usagers et de personnes accompagnées, de leur côté, expriment le sentiment que le système de santé s’éloigne de leur vie et de leur quotidien, à la fois en distance et en temps, et que les professionnels sont de moins en moins disponibles. La mise en œuvre des recommandations de bonnes pratiques professionnelles et organisationnelles, que ce soit dans le champ sanitaire, social ou médico-social, se heurte régulièrement à la question de leur applicabilité”. Elle vient de publier une lettre ouverte.

Ainsi, les pénuries de personnel s'accentuent et les chiffres avancés sont édifiants : environ 5 à 10 % des postes d’infirmiers sont vacants dans les établissements de santé et au moins 13 % des postes d’aides-soignants sont vacants dans les Ehpad. Ce n'est pas plus encourageant versant médical : plus d’un tiers des postes de praticiens hospitaliers ne sont pas pourvus à l’hôpital public et un tiers des Ehpad n’ont pas de médecin coordinateur. Le secteur de l'enfance est également impacté.

L'offre de soins étant inégalement répartie, l'accès aux soins démontre de dangereuses faiblesses même si les données sont quelque peu anciennes : en 2016, seulement 58 % des patients pris en charge pour AVC étaient arrivés dans un délai compatible avec une thrombolyse et 56 % de ces patients avaient bénéficié d’une imagerie dans l’heure suivant leur admission.

“Certains patients ne reçoivent pas tous les soins nécessaires" souligne la HAS en précisant également que “les problèmes somatiques des personnes souffrant de pathologies psychiatriques graves sont trop souvent ignorés” ; à l'inverse, certaines prises en charge mettent en évidence leur non-pertinence : par exemple, “près de la moitié des résidents des Ehpad prennent des anxiolytiques ou des antidépresseurs alors que ces médicaments sont à éviter autant que possible chez les personnes âgées”.

Ainsi, “Les évènements indésirables graves liés aux soins dans les établissements de santé sont encore trop nombreux et la moitié d’entre eux – soit 150 à 350 par jour – sont considérés comme évitables”. 

Dans les multiples causes de ces dysfonctionnements, la Haute Autorité de Santé pointe la tarification à l'activité. 

Elle prône sans grande surprise de rendre les métiers du social et du médico-social attractifs, l'élargissement des compétences paramédicales et une reconnaissance des nouveaux rôles (notamment des infirmiers en pratique avancée dans d'autres domaines) et d'assurer des formations actuelles, initiale et continue, ainsi que de la possibilité d’évaluer les pratiques de façon simple et efficiente.

L'amélioration de l'accès aux soins est évidemment évoquée et la HAS avance des éléments visant à sécuriser les soins et l'accompagnement. Notamment, elle propose “d’imposer une norme règlementaire pour le nombre minimum de professionnels par résident (hormis les personnels administratifs)” dans les EHPAD ou encore d'inclure les patients dans la réflexion : “il serait intéressant d’envisager des partenariats entre usagers, professionnels et établissements, par exemple au niveau régional, ainsi que l’intégration de patients partenaires aux équipes soignantes dans l’ensemble des établissements de santé et le développement de la pair-aidance et des travailleurs pairs dans les ESSMS”.