Publié en novembre 2025
Téléconsultation Pratiques anticoncurrentielles Doctolib Autorité de la concurrence
Voir également :L’Autorité de la concurrence est l’institution française chargée de veiller au respect des règles de concurrence sur les marchés : elle contrôle les pratiques des entreprises (abus de position dominante, ententes, ventes liées, etc.), ainsi que les opérations de concentration, pour garantir le bon fonctionnement de l’économie, protéger les consommateurs et encourager l’innovation.
À ce titre, elle vient d'infliger une amende globale de 4 665 000 euros à la société Doctolib pour des « abus de position dominante » dans les marchés des services de prise de rendez-vous médicaux en ligne (service « Doctolib Patient ») et des solutions de téléconsultation (service « Doctolib Téléconsultation »). Elle a, par ailleurs, enjoint à Doctolib de publier un résumé de la décision dans l’édition papier et sur le site Internet du journal « Le Quotidien du Médecin ».
Sa décision n° 25-D-06 du 06 novembre 2025 fait suite à la plainte de Cegedim Santé, et remonte à 2021, lorsque l'Autorité de la concurrence a procédé à des visites et saisies.
L’Autorité retient deux types d’infractions, combinées en une stratégie anticoncurrentielle :
1. Clauses d’exclusivité et ventes liées
- Doctolib imposait aux professionnels de santé, dans leurs contrats, de recourir exclusivement à ses services. Jusqu’en septembre 2023, ces clauses empêchaient les soignants d’utiliser des plateformes concurrentes.
- Pour accéder à la téléconsultation, les médecins devaient d’abord s’abonner au service de prise de rendez-vous en ligne — ce qui liait les deux offres.
L'Autorité de la concurrence souligne que la direction de Doctolib était parfaitement informée de l'illégalité de la clause d'exclusivité.
2. Acquisition prédatrice de son principal concurrent
- En 2018, Doctolib a racheté MonDocteur, alors son principal concurrent. Selon des documents internes, l’objectif clairement affiché était d’« enlever » un concurrent du marché, afin de verrouiller le marché national.
- Bien que l’opération ait été sous les seuils de notification classiques, l’Autorité s’appuie sur un changement de jurisprudence (arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 16 mars 2023) pour sanctionner cette concentration comme un abus de position dominante.
D’après l’Autorité, la combinaison de ces pratiques — exclusivité, ventes liées, acquisition prédatrice — visait « à verrouiller » le marché, évincer les concurrents, et ainsi pérenniser la domination de Doctolib.